Dans une famille nombreuse, quand tout le monde fait de la musique, c’est le dernier qui en profite le plus, bercé par les sonorités rythmées de l’orchestre familial. C’est ainsi que j’ai entendu mes premières notes de musique. Quelques années plus tard, collée au poste de radio du salon, je repassais en boucle l’ouverture de la Passion selon Saint Jean de Bach, la messe « Ave Maris Stella » de Josquin Desprez, ou la mélodie du hautbois de Gabriel d’Ennio Morricone.

Pianiste…

Une mère avisée observa mon attirance pour le piano et m’inscrivit au conservatoire de Lyon dès mon plus jeune âge. Je suis encore très reconnaissante envers mes premiers maîtres : Françoise Léage et André Chometon. A 17 ans, au cours d’une année de classe préparatoire littéraire, je fais une rencontre qui bouleverse ma vie : la sonate op.111 de Beethoven. Géry Moutier m’en transmet la dimension transcendante, et il deviendra l’année suivante mon professeur au Conservatoire National Supérieur de Musique de Lyon.

Crédit: Michel Leduc

Mon diplôme de piano en poche en 2006, je vais puiser aux sources mozartiennes à Salzburg où le renommé Hans Leygraf m’enseigne les secrets de sa technique au Mozarteum. J’y fais aussi la connaissance de Wolfgang Brunner, un musicien libre et renversant, qui m’initie au pianoforte à travers le répertoire tout aussi renversant des préclassiques. Puis j’ai le désir de découvrir les grands espaces, et passe un hiver glacial à l’Université de Montréal auprès de Jean Saulnier qui complète ma boîte à outils de virtuose.

A mon retour en France, je fais deux rencontres importantes : Anne Queffelec et Jean-Claude Pennetier. Auprès d’eux, je peaufine ma formation de pianiste et j’affine mon âme musicale en m’inspirant de l’authenticité, de l’intériorité et de la clarté qui caractérise leurs jeux et leurs personnalités.

J’obtiens des récompenses, notamment à l’Académie Ravel de Saint-Jean-de-Luz. Et je joue alors régulièrement en récital seule : Festival « Piano en Saintonges », Atrium de Fort de France, Haydngedenkstätte de Salzbourg…

Chanteuse…

Le chant a toujours occupé une place particulière dans ma vie. D’ailleurs, Arrau, comme Neuhaus ne disent-ils pas que la musique est d’abord chant ? Mes premières polyphonies, je les improvisais très jeune en chantant avec mon frère Luc dans les escaliers de la maison. Je ne me doutais pas encore qu’il deviendrait chanteur lyrique, et que nous obtiendrions notre diplôme de musique de chambre au Conservatoire National Supérieur de Musique de Paris, avec les conseils avisés de David Walter.

Crédit: Louis Nespoulos

Et puis, de très chers amis habitant près d’un monastère en Provence, j’allais souvent écouter la pureté de la ligne du chant grégorien. De là vient très probablement ma fascination pour ce chant. Pendant mes études de piano au conservatoire de Lyon, je traversais la cour pour participer aux cours de chant grégorien donnés par Anne Delafosse. Grâce à elle, j’ai découvert la musique d’Hildegarde de Bingen dont l’audace m’éblouit. Plus tard, j’approfondis mes connaissances à l’école du Choeur Grégorien de Paris. Dès mes 16 ans, je travaille ma voix lyrique, pour découvrir petit à petit mon timbre de mezzo-soprano et mon diplôme du conservatoire de Villeurbanne obtenu, je chante partout où on me le demande.

Et au-delà…

Ma curiosité naturelle m’emmène alors sur de nouveaux sentiers : j’explore l’œuvre de Maurice Ohana sous la houlette d’Emmanuel Ducreux au cours d’un master de culture musicale au CNSMDL. Par ce biais, je m’initie à l’ethnomusicologie avec Fabrice Contri, l’improvisation et les polyphonies médiévales avec David Chapuis. Enfin, à la croisée du piano et du chant, j’approfondis l’accompagnement vocal avec Anne Le Bozec et Emmanuel Olivier au CNSMDP. Avec ce répertoire, je découvre encore mieux Wolf, Zemlinsky, Britten… L’œuvre la plus marquante pour moi à cette période, étudiée avec intensité, fut le Requiem de Brahms. C’est avec cette œuvre que je rencontrais pour la première fois Philippe Herreweghe pour les répétitions du Collegium Vocale de Gand.

…transmettre…

Crédit: Louis Nespoulos

Partager la musique mène tout naturellement à la transmettre. L’enseignement, je le pratique sous de multiples formes, dès le début de mes études : remplacements dans les conservatoires en cours individuels de piano, accompagnement, mais aussi cours collectifs en analyse, accompagnement, direction d’ensembles instrumentaux ou vocaux… Après avoir obtenu mon Certificat d’Aptitude en 2013, je décroche un premier poste de professeur de piano au Conservatoire à Rayonnement Communal de Châlons-en-Champagne.

Mon activité aujourd’hui

Mon activité de pianiste se poursuit essentiellement en musique de chambre et en accompagnement. Mais le répertoire soliste reste présent sur mon pupitre avec de nouveaux projets pour des récitals en petit comité.

Par ailleurs, les occasions de chanter ne manquent pas. Membre fondateur de l’ensemble La Sportelle, je sillonne maintenant la France avec l’Ensemble Ô et l’Ensemble Oriscus, avec lequel j’interprète les chants sacrés du Moyen-Âge. Plusieurs disques sont parus sous le label Rocamadour-Musique Sacrée, dont un consacré à Hildegarde de Bingen. Avec la pianiste Clara Gaugler-Ponthieu, j’aime donner les mélodies populaires revisitées par des compositeurs classiques dans un programme intitulé « Folksongs ».

Après huit années à Aix en Provence, j’enseigne le piano au Conservatoire à Rayonnement Régional de Tours et l’accompagnement aux étudiants de l’Institut d’Etudes Supérieures Musicales Europe-Méditerranée. J’aime accompagner les jeunes pianistes dans leur évolution pianistique, musicale et humaine. Ma vision de l’enseignement est essentiellement fondée sur l’écoute, qui me semble la clé indispensable du musicien. Avec le désir d’apprendre et l’art d’une écoute attentive, chaque élève peut approcher des beautés de la musique, qu’il devienne professionnel ou amateur au sens noble du terme, pour sa plus grande joie, celle de son entourage, sans oublier la mienne.

Crédit: Charles Séguy